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11 Jan 2024

De l'Evêché à la Préfecture

18e siècle
- 52 rue Jean Bringer

Cet édifice a été construit par la volonté de Monseigneur Bazin de Bezons évêque de Carcassonne de 1730 à 1778 qui décida d'y installer sa résidence quand celle-ci suivant le Présidial, quitta la Cité pour la Bastide. II pourrait être considéré comme un édifice religieux, mais son constructeur aurait pu être un marchand-fabricant ou un magistrat, et dès la Révolution il n'a plus abrité le milieu ecclésiastique.

Monseigneur Bazin de Bezons joua un rôle essentiel dans l'évolution architecturale de la ville au XVIIIe siècle. Homme de grande culture et moderniste il changea le visage de la Bastide, encore engoncée dans son passé de Forteresse médiévale en favorisant la construction des halles et le comblement des fossés désormais plantés d'ormeaux.

En 1739, il échange son carron de l'Officialité (où vont être construites les halles) contre l'espace délimité par les rues de la République et du Quatre Septembre d'une part, la Rue Jean-Bringer et le Boulevard Jean-Jaurès de l'autre : la maison Delrieu, la plus importante des cinq habitations dans cette partie de la ville est achetée 38.000 livres en 1745, les autres maisons sont acquises dans les années suivantes.

A partir de 1744, l'Ingénieur Boyer, les architectes Giral de Montpellier réalisateur du Peyrou et surtout François II Franque d'Avignon (1710-1793) restructurent la maison Delrieu, transforment ou détruisent les autres demeures, construisent une aile le long du jardin : cela équivaut à la construction d'un édifice neuf et coûte au total environ 100.000 livres.

L'ensemble inauguré en 1764 offre une disposition bien différente de celle des hôtels carcassonnais traditionnels. Le portail central monumental s'ouvre au centre d'un mur élevé qui ferme la cour autour de laquelle les trois bâtiments sont en retour d'équerre, Ce plan se rapproche des hôtels parisiens de l'époque, que Mgr Bazin de Bezons devait connaître : disposant de tout le carron, l'évêque a pu orienter son palais ainsi qu'il l'entendait, alors que les demeures carcassonnaises doivent avoir une façade sur rue, comme les maisons voisines.

Au centre de la cour, face au portail d'entrée, une belle porte donnait accès aux bureaux et aux salons de réception, pièces d'apparat situées au premier étage auquel on accède par un bel escalier. Chaque niveau possède sept travées disposant chacune d'une fenêtre rectangulaire. Tout en haut de la façade, une construction en clocheton est aujourd'hui occupée par une horloge. Les ailes latérales ont la même allure, mais leur aspect a été altéré par des ouvertures supplémentaires moins hautes et elles possèdent un seul étage. L'aile gauche contenait les communs, le logement des domestiques (ils étaient sept en 1787), la partie droite était occupée par la chapelle. En dehors de cette dernière l'organisation rappelle celle de l'hôtel Roques-Guilhem.

La façade sur le jardin se caractérise par un escalier à double volée, rappel des hôtels parisiens. Cette façade donne sur un beau parc par une terrasse dont la clôture est constituée par une balustre de pierre remplaçant les remparts. La simplicité de l'ensemble est peut-être due à la faiblesse des crédits dont disposait son promoteur, mais il ne serait guère étonnant que l'évêque, homme austère, ait désiré une demeure simple.

En 1790, l'évêché fut placé sous séquestre comme bien national et affecté au directoire du Département puis au logement du préfet de l'Aude dès la création de ce corps de fonctionnaires par Napoléon Bonaparte, ce qui est toujours sa fonction essentielle.

Claude Marquié – Carcassonne – Hôtels et maisons du Moyen Age à la révolution - Amicale laïque de Carcassonne – 1998