Halle aux grains rue de Verdun et place Eggenfelden Edifices divers Zoom de l'image La charpente de l’ancienne halle aux grains, dans laquelle se faisait autrefois le commerce des céréales et où se trouvaient les mesures en pierre indispensables à cette activité, est caractérisée par le soin apporté au choix du bois et à l’agencement de la structure. La façon dont les poutres ont été disposées les unes par rapport aux autres, dite « en bras de Jupiter » a permis à l’ensemble de mieux résister au temps que le grès, dont l’usure a nécessité depuis XVIIIe siècle de fréquentes restaurations. Claude MARQUIE – Le patrimoine des communes de la Méridienne verte – Edition Flohic Construites sur le terrain de l'Officialité cédé par Monseigneur de Bezons suivant lettres patentes du 9 juillet 1759 et ordonnance du 26 novembre 1761 (délibérations du conseil de la communauté des 9 novembre 1744 et 8 octobre 1761 autorisées par ordonnance de l'Intendant de Montpellier du 26 novembre 1761). Notes : De 1355 jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, les halles étaient aménagées sur la Place Vieille (actuelle Place Carnot) Leur transfert sur l'emplacement actuel fut décidé par le Conseil de Communauté. Au cours de cette séance (du 9 novembre 1744) fut décidé que "le bâtiment qui renferme la halle et les étaux de cette ville étant sur le point de sa ruine et la communauté ne pouvant se dispenser de les reconstruire, ou de placer ailleurs ladite halle et les étaux, ils auraient proposé à l'Assemblée d'acquérir à Monseigneur l'Evêque une maison, masure d'église sous le nom de l'Officialité déclarée depuis fort longtemps en vétusté, pour y transporter les mêmes étaux et celle halle que ce projet avait paru si convenable qu'en le proposant, ils n'avaient été que l'organe public". "En effet il en reviendrait beaucoup plus d'agréments à cette ville qui jusqu'ici a négligé tout ce qui pouvait l'embellir." De vives oppositions s'élevèrent contre cette mesure, oppositions formées par de nombreux intéressés, et surtout par les marchands de la place et des environs, par le Syndic des habitants forains. Le Conseil politique, réuni le 30 novembre, repoussa ces oppositions et décida d'en poursuivre le déboutement devant M. Lenain, intendant du Languedoc. Pendant que la discussion se poursuivait, l'Evêque consentait la vente du terrain et la communauté s'en remettait, pour le prix et les conditions d'acquisition, à la décision de M. Lenain qui débouta les opposants et commit, par une ordonnance du 10 décembre 1744 le sieur Pitot, ingénieur et directeur des travaux de la Province à l'effet d'examiner le projet proposé et d'ouvrir une enquête de commodo et incommodo, dont il serait dressé procès-verbal. Dès le 20 février 1745, M. Pitot déposa son procès-verbal duquel il résultait que, si la reconstruction des halles sur l'ancien emplacement ne coûtait que 9.000 livres, leur transfert et leur construction sur le terrain de l'Officialité, bien que devant coûter 15.000 livres, constituerait néanmoins un grand avantage pour le public. Il concluait donc au transfert et repoussait les oppositions faites à ce sujet, comme étant inspirées uniquement par l'intérêt personnel. Ces conclusions reçurent l'approbation du Conseil politique assemblé le 8 mars suivant et du chapitre cathédral, le 19 juin de la même année. Les opposants renouvelèrent leurs démarches et la discussion se poursuivit ainsi jusqu'à ce que du procès-verbal d'expertise clôturé le 13 mars 1754 et autorisé le 4 novembre 1755, il ressortit que les droits de directe de l'Evêque avaient une plus-value de 693 livres 12 sols 1 denier, et de cette plus-value il résultait ainsi que l'Ordonnance sur arrêt du Conseil d'Etat en date du 12 juin 1759, que le Roi devrait à l'Evêque et à ses successeurs, une rente annuelle de 34 livres, 14 sols, plus 485 livres 16 sols pour 14 années d'arrérages de ladite rente depuis le 1er janvier 1745 jusqu'au 31 décembre 1758 ; en outre, l'Evêque devait jouir de la directe de tous les droits sur le restant du terrain dudit carron de l'Officialité. De ce nouvel arrêt, sur lequel il fut expédié des lettres patentes le 9 juillet 1759 enregistrées à la Cour de Montpellier le 23 août suivant, il résulta que l'échange des directes n'était pas tel qu'il avait d'abord été convenu ; mais l'Evêque ayant bien voulu céder gratuitement les droits de directe et de seigneurie entière qui lui avaient été réservés, la communauté se trouva jouir en pleine propriété d'une portion de terrain dont elle était seulement engagiste. Les choses en cet état, la communauté fut assemblée le 8 octobre 1761 et elle autorisa les officiers municipaux à se pourvoir devant l'Intendant en adjudication desdits terrains et masures de l'Officialité, moyennant la somme de 6.000 livres qui serait appliquée par l'Evêque au paiement des nouvelles constructions du palais épiscopal. Le 2 novembre 1761, l'Intendant rendit une ordonnance conforme qui fut communiquée à l'Evêque le 4 du même mois. Monseigneur de Bezons présenta à l'Intendant une requête communiquée dès le 5 novembre au Procureur de la communauté et tendant à ce qu'il lui fut donné acte de son acceptation. L'Intendant rendit alors le 26 novembre une ordonnance autorisant la délibération du 8 octobre et la communauté devint propriétaire " en vertu du pouvoir à Nous donné par l'arrêt du 26 janvier 1745, avons adjugé et adjugeons audit sieur de Berriac et de Besaucèle en qualité de députés de la Ville de Carcassonne, pour et au profit de ladite ville et communauté de Carcassonne, et en conséquence du consentement duquel sieur Evêque de Carcassonne, le terrain et masures appelés de l'Officialité avec l'entière seigneurie situés dans ladite Ville de Carcassonne, confrontant suivant le plan devant nous réuni dans l'inventaire dudit Maire et Consuls, de cers, la rue et traverse de l'Officialité, du midi, la rue de la Pellisserie, maison de François Azam, cordonnier, de Jacques Bardou, de Louis Lasserre et Armand Cazenove, d'auta : François Julien, Procureur, Raymond Bourrel, affineur, Bertrand Fournier, héritiers de Jean Saissac, Pierre Fournier, Bonnet , tailleur et Jean Carnet, maison de Jean Cahuzac et Marie Garric, veuve d'Estore, Antoine Destival, la rue Mage, pour en jouir, par ladite Ville en toute propriété comme de choses à elle appartenant…. " La construction commencée en 1769 (mise en adjudication des travaux du 9 mars 1769) fut terminée en 1783. L'agrandissement en fut envisagé par délibération du conseil municipal du 20 janvier 1860, approuvée le 29 septembre de la même année. La réalisation de ce projet entraîna l'acquisition de six immeubles. Il convient de signaler qu'au centre de la place des Halles (appelée aujourd'hui place Eggenfelden en hommage à la Ville allemande avec laquelle Carcassonne est jumelée), est figuré à l'aide d'un cercle délimité par un pavage différent de celui de l'ensemble de la Place, l'emplacement de l'ancien pilori. Histoire sommaire et origines des propriétés de la Ville de Carcassonne – L.Riba 1948