Maison du Sénéchal XIVe et XVIe siècles - 70 rue Aimé Ramond Maisons particulières Zoom de l'image Au numéro 70, rue Aimé-Ramond se trouve la Maison du Sénéchal. Cette dénomination pose problème dans la mesure où le sénéchal, qui représentait le roi à Carcassonne sur le plan civil, judiciaire et militaire, à compter du XIIIe siècle, sauf circonstances exceptionnelles, surveillait le pays depuis la Cité et non à partir de la Bastide. Homme de guerre avant tout, le sénéchal se fait bientôt aider par des magistrats, comme le juge-mage pour les procès civils. Dans notre ville, les Levis-Mirepoix sont sénéchaux de père en fils durant deux siècles ( XVIe et XVIIe siècles). Mais, dès la fin du Moyen Age, leurs pouvoirs diminuent: la justice est exercée par les parlements et par les présidiaux, l'armée est dirigée par le gouverneur de la province et à partir de Richelieu les intendants jouent un rôle essentiel, de plus en plus important dans tous les domaines. Ainsi, en 1713, lorsqu'un conflit éclate entre Guillaume de Siran, le sénéchal, et le juge-mage au sujet de la présidence de l'élection consulaire, c'est le second qui l'emporte. Le dernier sénéchal carcassonnais, A.-H. de Rosses, duc de Fleury, exerce sa charge de 1734 à 1788 et meurt à Paris. La sénéchaussée comme division administrative lui survécut puisqu'en 1789, elle servit de cadre pour les réunions préparatoires aux Etats Généraux. Mais toute l'organisation de ceux-ci est confiée au juge-mage Raymond de Rolland. Les plus anciens propriétaires connus de l'immeuble, au XVIeme et XVIIeme siècles, sont des docteurs ou des bourgeois. L'un d'entre eux, jean de Bézard, est consul puis seigneur de Brousse, mais la maison, à cette époque, ne relève pas du domaine royal. L'ancienneté de la demeure explique peut-être son appellation, certainement postérieure à la disparition des sénéchaux, lesquels ne survécurent pas à la Révolution de 1789. Le rez-de-chaussée est la partie la plus ancienne, avec une porte centrale en arc brisé, encadrée de deux fenêtres géminées de forme ogivale, avec chacune un petit chapiteau central. Mais que ce rez-de-chaussée soit antérieur à 1355, année de la construction de la ville par le Prince Noir, rien ne l'atteste ; il peut fort bien dater de la fin du XIVeme ou du XVe siècle. Quant aux étages, leurs fenêtres à croisées et fronton droit évoquent la Renaissance, mais ils ont été modifiés au cours des siècles postérieurs ; en particulier les baies ont été remaniées avec l'adjonction de meneaux croisés. Par ailleurs, le jardin possède un puits orné de colonnettes, de forme rare dans notre ville. Claude Marquié – Carcassonne – Hôtels et maisons du Moyen Age à la révolution - Amicale laïque de Carcassonne – 1998