Hôtel Franc de Cahuzac 30 Rue Jean Bringer Hôtels particuliers Zoom de l'image Au début du XVIIe siècle, sur l'emplacement de ce bâtiment, existaient trois maisons que jean de Franc de Cahuzac transforma en un seul immeuble construit au milieu du XVIIe siècle. Cet hôtel couvrait 450 m² au sol en trois corps de logis séparés par deux cours. La façade austère, est ornée d'une porte monumentale dotée d'un `ronron brisé. La première cour, étroite, possède un puits et à l'Ouest un grand arc en anse de panier précède un escalier dont la rampe en fer, très simple, paraît être d'origine. La seconde cour était manifestement consacrée aux dépendances. Cette disposition reprend, pour l'essentiel, le plan type des maisons bourgeoises des XVIe XVIIe siècles. Traditionnellement, un corridor aboutit à un espace libre doté d'un puits autour duquel des locaux annexes abritent bois, vin, huile. Sur ce couloir et sur la rue s'ouvrent les boutiques tenues par le propriétaire ou louées et la cuisine. Les appartements de la famille sont situés au premier étage, les réserves pour les provisions, au second. En 1737, l'hôtel fut acheté contre 9.000 livres par Jean-François Boyer, marchand-fabricant et trois s fois consul. Ce personnage important, né en 1694, mourut en 1768 et l'inventaire dressé à celle date nous permet de voir comment il avait organisé son espace de vie. Le rez-de-chaussée est occupé par l'entreprise textile qui dispose de plusieurs magasins". Les fabricants avaient essentiellement chez eux des matières premières et des produits en cours de finition, le travail étant réalisé par des artisans dispersés à travers la ville. Aussi J.-F. Boyer ne dispose-t-il que de quelques outils simples comme une presse pour emballer les draps dans un "lescivié" à droite de l'entrée. Le magasin" est situé à gauche en entrant et on y trouve des sacs de toile, trois jarres pour l'huile destinée à carder la laine, 59 draps de lame et le ''comptoir'', meuble où l'entrepreneur serre ses livres de comptes, Deux autres magasins se situent "sur le corps de derrière", on y trouve des cachets pour marquer les tissus. 230 livres de laine et 9 draps. Cet inventaire nous permet de comprendre le fonctionnement d'une entreprise textile de cette époque. Le fabricant réceptionnait la laine, la stockait afin de réaliser d'éventuels mélanges, puis la faisait travailler par les divers artisans officiant dans leurs domiciles respectifs, le drapier récupérant le produit semi-fini après chaque opération pour le faire passer au travailleur suivant. Ce système lui évitant, entre autres avantages, d'avoir à effectuer d'importants investissements en matériel. Dans la seconde cour se trouvent une basse-cour avec 24 volailles, deux piles de bois de chênes et une charretée de charbon. Au premier étage, la cuisine est prolongée par une "dépense" où sont stockés les pots de graisse, le lard salé et les saucissons, Cette partie utilitaire de l'appartement coexiste avec les deux pièces de réception et les cinq chambres. Quant au second niveau, on y découvre une bonne partie de la récolte en céréales de Montquier la métairie que J.-F. Boyer possédait au Sud-Ouest de la ville. On a donc dans ce cas l'exemple d'une construction due à un noble d'extraction mais transformée de façon à associer fabrique, richesse foncière et résidence urbaine, trois éléments distincts mais réunis par J.-F. Boyer Une disposition analogue à celle de cet hôtel se retrouve au n° 90 de la rue de Verdun : cet immeuble qui semble contemporain de Franc de Cahuzac abritait au XVIIIe siècle la famille Roland importante lignée de marchands-fabricants dont le nom est resté attaché à la mairie actuelle, bien que cet immeuble son devenu leur propriété bien après sa construction. Claude Marquié – Carcassonne – Hôtels et maisons du Moyen Age à la révolution - Amicale laïque de Carcassonne - 1998